Texte du Rav Chriqui sur l'enseignement universel de la Torah

À mes collègues, amis de par le monde, les Rabbins et enseignants de la Torah, au sujet des nations et de l'étude de la Torah de nos jours.
Je suis conscient que plusieurs parmi nous refusent d'enseigner la Torah et ses commentaires appropriés aux nations. Notre histoire nous a transmis la prudence avec les gens qui ne sont pas de notre communauté et de partager avec eux le savoir ancestral de la Sagesse d'Israël. Et de dire haut et fort : commençons à renforcer nos propres ouailles, en ce qui concerne les autres nous verrons par la suite !
Mais actuellement la question se pose de façon aigüe : avons-nous réellement le droit de garder cette connaissance pour nous ? N'avons-nous pas pour fonction de propager cette « lumière aux nations » ? Avons-nous le droit de fermer les yeux sur ces paroles insistantes du prophète Isaïe : « L'Éternel me dit: C'est trop peu que tu sois Mon serviteur, pour relever les tribus de Jacob et rétablir les ruines d'Israël; Je veux faire de toi la lumière des nations, Mon instrument de salut jusqu'aux confins de la terre » (49, 6); ou bien : « Moi, l'Eternel, Je t'ai appelé pour la justice et Je te prends par la main; Je te protège et Je t'établis pour la fédération des peuples et la lumière des nations » (42, 6); et encore : « Tandis que les ténèbres couvrent la terre et une sombre brume les nations, sur toi l'Eternel rayonne, sur toi Sa gloire apparaît.  Et les peuples marcheront à ta lumière, les rois à l'éclat de ton aurore » (60, 2-3).
Israël - Lumière des nations ? C'est une anecdote, c'est déjà obsolète, ou bien non, c'est pour la fin des temps !? David Ben Gourion pensait que l'Etat d'Israël serait cette « lumière des nations ». Aujourd'hui, les nations ne cessent de rappeler, d'une manière injuste et erronée, nos erreurs et nos lacunes. Sommes-nous vraiment la « lumière  des nations » si notre Sagesse, dans toute son envergure, ne les éclaire pas ? Il ne suffit plus du faire-bienpour nous-mêmes et de leur imposer de l'accepter. Si nous n'expliquons pas la valeur intrinsèque de ce peuple et de sa terre à l'Origine même des origines, selon notre sainte Torah, alors nous resterons toujours des parasites pour eux. En enseignant la Torah aux nations, nous engendrerons un véritablement amour envers nous et envers l'Éternel.
DIEU, d'après nos maîtres est allé d'abord chez les nations pour leur donner la Torah, ils l'ont refusé. Ils ne pouvaient pas la recevoir, ils n'avaient pas Jacob comme patriarche ; aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, la Torah s'est propagée, d'abord par le biais des apôtres chrétiens et l'Islam, d'une manière déformée, ensuite par la multitude des livres du grand judaïsme traduits par des juifs et des non-juifs. Aujourd'hui, tous ont accès à tout, par les médias, la presse écrite et celle électronique … mais d'une manière chaotique. Après que la Torah (orale) ait été brûlée et bafouée, elle est à présent exilée, mais convoitée, courtisée même. Il est temps de la relever, de la rehausser, de montrer sa beauté aux nations en l'enseignant authentiquement et en ouvrant les portes de nos centres d'études à tous les hommes désireux d'apprendre la Torah.
On me rétorquera certainement l'interdiction d'enseigner la Torah aux non-juifs. Oui, c'était à une époque où ils étaient tous des idolâtres, mais les temps ont changé, les nations se sont rapprochées de Dieu, elles cherchent à présent l'Unique – le Yihoud, propre à Israël. Déjà à l'époque du Talmud, Rabbi Meir (fils de prosélyte) préconisait : «  Même un païen qui étudie la Torah est égal à un Grand prêtre, ainsi qu'il est écrit : « L'homme qui les réalise obtient  par eux la vie (Lévitique 18,5), le texte ne parle pas de prêtres, des lévites , des israélites, mais de l'homme , ce qui signifie que même un païen s'il étudie la Torah vaut un Grand Prêtre» (Talmud Avodah zarah, 3a). Le Meïri sur HAGUIGA 13 a écrit : « On ne transmet pas les secrets de la Torah à un goy, s'il est idolâtre, car il renie Dieu …». Aujourd'hui beaucoup de non-juifs ont déjà quitté le paganisme par le fait même d'avoir dénigré leur propre religion, mais, partis à la dérive, ils recherchent la vérité et veulent connaître à présent la Sagesse primordiale – la véritable science de l'univers - qui les réorientera et les réintégrera au Dieu unique. Pour les zélotes, je dirai que l'unicité de Dieu fait partie aussi des sept lois de Noé. Quoiqu'il faille dépasser, à mon avis, maintenant la question des MITSWOT DES BNE NOAH, car pratiquement la plupart des hommes appliquent les sept lois. Il faut s'attarder plus au niveau de la Divinité et sa révélation à travers d'abord les enfants de Jacob et ensuite à travers toutes les nations.
N'est-ce pas cela que nous prions trois fois par jour dans AL QEN NEQAWE - « C’est pourquoi nous espérons en Toi ». En conclusion de nos prières, nous prions pour que l’impureté dans tous ses aspects soit éradiquée de la création, et « faire disparaître les idoles de la surface de la terre ». Aussi nous ajoutons : «לְתַקֵּן עוֹלָם בְּמַלְכוּת  – pour réparer le monde par Sa Royauté ». Le Ramhal (Maamar ha-Hokhma, Rosh Hashana) écrit : « Le Saint, béni-soit-Il, transformera le mal qui se trouve dans tous les êtres en bien, et c’est en cela que réside l’essentiel de sa magnificence – « לְהַפְנוֹת אֵלֶיךָ כָּל רִשְׁעֵי אָרֶץ – pour que se tournent vers toi tous les  hérétiques de la terre, etc. ». Alors, tous [les habitants de la terre] connaîtront parfaitement la vérité qui à présent leur demeure cachée. Et parce que cette connaissance se sera imposée à eux, ils seront attirés par la sainteté, là [Alors] « יַכִּירוּ וְיֵדְעוּ כָּל יוֹשְׁבֵי תֵבֵל... – tous les habitants de la terre reconnaîtront et sauront … לְפָנֶיךָ ה' אֱ-לֹהֵינוּ יִכְרְעוּ וְיִפֹּלוּ – devant Toi, Eternel notre Dieu [ils ploieront et se prosterneront…] etc. ». Car voici en quoi consiste la première réparation : tous les êtres seront sanctifiés par la sainteté de Dieu, Béni est-Il, du fait de leur soumission à sa Royauté. Puis ils s’élèveront pour atteindre un niveau très important … car ils accepteront de se soumettre au joug de la Royauté divine, et Dieu, Béni est-Il, règnera sur eux ».
          Chers amis, qu'attendons-nous pour prendre les rênes de l'histoire en main ? Il y a là tout un programme à mettre en place, ensemble. Pourquoi laisser à des ignorants et autres gourous d'enseigner la science d'Israël, juste pour plaire et attirer des bénéfices à leurs sociétés ? Les véritables maîtres de la Torah doivent faire entendre leur voix, notre relation avec les nations doit changée et être tracée par les Sages d'Israël. Ce ne sont pas les politiciens, israéliens ou autres, qui doivent déterminer notre avenir, ce sont les prophètes de la Bible et leurs continuateurs, les maîtres de la kabbale : le Arizal, le Ramhal, le Hagra, le Baal shem tov, qui doivent faire entendre leur voix par les Rabbins et les enseignants de la Torah de notre génération.
Mordékhai Chriqui

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